C’est l’anarchie à Poudlard. Saul ne comprend plus grand-chose. Les gars passent plus de temps à préparer des coups foireux qu’à prendre le chemin des entraînements, et chacun risque à tout instant de se taper la honte de l’année en étant victime d’une blague vaseuse. C’est pas l’humour qu’il lui manque à Saul, mais si c’est pour passer une semaine à faire d’la merde au château, il aurait d’autant préféré prendre sa valise et s’casser en vacances le temps que ça se termine. Non, sérieux, c’est trop bordélique pour lui en ce moment Poudlard. L’anarchie, ça va bien deux secondes, mais quand on est déjà naturellement paumé dans sa tête, y’a un moment ou le tourbillon est sans fin et ça vire au tsunami.
Enfin, il peut pas vraiment éviter d’aller bouffer à midi, surtout quand le coach leur a préparé un petit entraînement/punition pour la blague des vestiaires de hier soir. Il a besoin de sa fat assiette de pasta pour affronter l’après-midi. Du coup, assis pas trop loin des autres mecs de l’équipe de sketba, Gigi ingurgite ses sucres lents à une vitesse folle. C’est le ras-de-marrée dans son assiette. Et si d’habitude il grogne un peu en disant que les pâtes sont dégueu parce que les anglais savent ap cuisiner, ils foutent plein de beurre et tout, ce coup-ci l’italien ne rouspète même pas. Il reste calmement à avaler à la chaîne les farfalle, tout en écartant d’un coup de fourchette dégoûté la cuisse de poulet qui jonche à côté. Il la filera à Justin, ce mec bouffe tout sur son passage. Et quand la porte du réfectoire s’ouvre et que Rusard rentre, Gigi lève vaguement la tête. Il est déjà prêt à la rebaisser et s’attaquer aux dernières survivantes de son assiette, mais un rire s’élève d’un coup et il reçoit un coup de coude dans les côtes qui le pousse à fouiner pour savoir ce qu’il se passe. Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu’il voit Rusard quitter à petits pas la salle, une tarte au citron accrochée sur ses cheveux crado. « Oh dégueu » qu’il se laisse échapper.

Mais ça part trop vite tout autour. Les premiers lancers de petits pois traversent le réfectoire et atterrissent dans les assiettes des uns et des autres. Wtf. Sans blague ? Food war ? Un truc atterrit dans son verre de coca et ça le dégoute bien comme il faut Monty. Mais si une partie de son cerveau paumé entre deux dimensions lui dicte de s’casser pour éviter de se pécho des beans dans la gueule, y’a ce gamin un peu con qu'il est, qui s’éveille peu à peu et lui murmure une petite suggestion à l’oreille. Le mini-Saul diablotin qui danse la bamboula sur son épaule avec un air machiavélique. Oh oui. Alors au milieu du brouhaha et des cris et des trucs dégueu qui traversent la cafet, Gigi se lève et chope la jelly à l’orange qui jonche dans un coin de son plateau avant de la lancer bien comme il faut en direction d’la tignasse blonde qu'il pense être Megan.

WTF.
C'est le constat du jour. Tony ne sait plus exactement comment la situation a pu dégénérer à ce point. Il a bien senti qu'en ce moment l'autorité n'est pas au beau fixe depuis que Rusard a égaré sa chatte (dit ainsi, surtout par Tony, ça peut porter à confusion, je vous l'accorde), mais jamais de tels débordements n'avaient eu l'occasion de pointer le bout de leur nez jusqu'à aujourd'hui. Qui a lancé le premier petit pois? Qui a riposté? Qui a hurlé à la guerre? .. En fait il se pose la question alors que son regard parcourt le réfectoire, mais concrètement il s'en branle un peu. Parce qu'en attendant, c'est le fuckin' bordel, et ça, c'est vraiment cool. Mais le summum du cool, c'est de voir les autres se manger (mwarf mwarf mwarf c'est le cas de le dire) une langue de bœuf écœurante dans la figure ou encore des épinards qui ressemblent à de la diarrhée de vache dans les cheveux. Ouais, vous pouvez dire que c'est dégueulasse, mais faut faire face à la réalité merde! Enfin soit, Anthony rigole bien comme un benêt en voyant tous ces minois défigurés par la bouffe, et il se roule par terre (berk, d'ailleurs c'est super crade) quand Eddie reçoit une poignée de.. De.. De vomi de bébé (?) en pleine gueule. Juste de voir ses yeux ronds comme des billes et ce truc non identifié dégouliner sur son délicieux visââââââge est jouissif. Alleeeeez c'est qui l'plus beau maintenant, c'est qui qui va gagner le concours de pêche (de meufs, cela va sans dire) de cette semaine? C'EST TONYYYY. Sauf que là, Eddie commet l'irréparable. D'un geste vif, il attrape la tartelette au citron meringuée que casanova n'a pas encore touchée et paf! Il la jette dans la mêlée, ce bouffon. Les yeux de Tony font des allers retours entre son plateau et Eddie qui rigole. « Putain Eddie..! » Anthony se redresse machinalement, les bras tendus vers son pseudo meilleur ami, affolé. Sa tartelette au citron meringuée! Okay la bouffe de la cantine personne la mange donc lancée ou pas, c'est du gaspillage. Mais les desserts quoi! ALLO! T'ES UN MEC ET TU JETTES LES DESSERTS QUOI! L'bâtarrrrd, en plus il a le culot de le fixer genre "j'ai fais quoi?" « Mais t'as lancé ma tartelette! T'AS LANCÉ MA TARTELETTE! » Il a d'la chance, Eddie. Parce que si une fusée de diarrhée de vache ne lui était pas passée sous le nez tel un missile à tête chercheuse et n'avait pas détourné son attention de sa malheureuse tartelette (oui, oui, il en faut peu..), il aurait subi les orgues de l'enfer!

Au lieu de ça, ben Tony monte sur la table et enlève son T-Shirt. Carrément. Profitez les gonz, matez ce corps parfait. « TOUS A POOOOOIIIIIIL! » Clairement, c'est hors contexte, mais il a toujours rêvé de hurler ça sans essuyer une heure de colle ou des regards choqués à la Granger. Nan parce qu'en fait il l'a déjà fait une fois, près des dortoirs, mais Rusard était juste derrière, et le problème, c'est qu'il avait pas enlevé que le haut. Triste moment de solitude, mais il s'était promis de prendre sa revanche, et elle était venue, enfin! Une pierre deux coup! Du haut de son perchoir, Tony cherche une victime. Oh! Mais c'est pas Terry, là bas? EEEH! Mais c'est qui le gars qui ose toucher à Luna là? Il va voir de quel bois il se chauffe s'il continue à lui chercher des noises. Bah, y'a Mickey pas loin de toute façon, il la protégera de ces déjections bovines géantes. 'Fin il espère. Hinhin. Y'a Draco et Megan aussi, qui sont alléchants là en plein milieu de la foule. « Raaah arrêtez d'bouger les gars j'arrive pas à trouver quelqu'un qui mérite de s'prendre une raclée! » Bon. Bah sorry Terry, c'est de bonne guerre, mais elle est encore pour toi celle là. Tony se penche et s'apprête à saisir une bonne poignée d'épinards.. Mais il se ravise. Il a une image pas très cool de l'aliment et qui le dégoute depuis tout à l'heure alors finalement il se rabat sur les spaghettis à la sauce étrange. Avec l'assiette au passage. Ça devient limite dangereux là! Les trucs fusent autour de lui. Tony s'croirait presque dans Matrix. Seulement là, la seule chose qui l'intéresse, c'est de voir si cette fiotte ce geek de Boot va recevoir son cadeau.

(edit: haaaa mdr bridou il prend pour son grade avec le lancer de jensen et le mien )

Regardez là, petit oiseau nerveux, qui se renferme au fur et à mesure sur sa chaise. Tracey ne sait pas comment tout ça a commencé, mais elle n'est pas prête à ça, pas prête à se prendre des aliments en pleine tronche. Elle et eux, ils ne sont pas vraiment amis, et tout ça la met dans un état de nervosité absolu. Sa jambe bouge dans un rythme presque trop rapide et ses yeux cherchent à droite, puis à gauche, elle pince les lèvres. Elle tique sur la porte de sortie. Elle peut partir de là en courant, oui. C'est en se levant d'un bond et en faisant un pas rapide, qu'elle voit qu'elle évite de justesse un plat lancé par... Jensen. Tracey siffle entre ses dents, son poing se serre. C'est pas pour elle tout ça, elle risque de leur aplatir son poing en pleine face, à tous. Cet idiot qui sourit tout le temps, et tout ceux qui se sont lancés dans cette guerre stupide. Elle n'en connaît même pas les causes, elle essaye même de savoir qui a eu la stupide idée de les laisser seuls dans le réfectoire ? Bande d'incapables. Par mesure de sûreté, et pour voir si elle n'était pas la seule de ses semblables à vouloir se prendre avec sa serviette, et elle cherche Draco. Elle le trouve rapidement, couvert de nutella. Un nouveau sifflement s'échappe de ses lèvres, la chose nerveuse veut s'échapper de là, et alors qu'elle envisage de partir. Elle se prend un truc. En pleine tête. Un truc qui fait super mal, genre c'est pas de la nourriture normale, non, c'est... une assiette. On vient de lui balancer une putain d'assiette en pleine tronche là ?
Le mode rambo est enclenché, le mode impulsif aussi. Tracey jette sa main sur la table, à la recherche d'un truc, genre une fourchette ou un couteau pour lui planter dans les yeux. Mais elle ne trouve plus rien, plus de couvert, alors à la place elle attrape une énorme poignée d'épinards. Le truc bien dégueulasse qui lui donne envie de vomir rien que d'y penser, et elle saute sur la table. Sans vraiment réfléchir, Speed repère le Serdaigle qui vient de lui démonter la tête et l'assommer à moitié, et le vise. Elle se concentre pour viser Anthony, mais cette putain d'assiette l'a justement totalement assommé. Ca fait mal cette connerie. Mais si pendant des années elle a supporté les poings des mecs, et autres conneries, c'est pas cette petite assiette qui va lui faire peur.

Manger. Pour beaucoup c'était indispensable. Pour Susan, c'était une option. Pas qu'elle n'aimais pas la nourriture, non, juste qu'on lui avait infligé un régime strict et si elle avait le malheur de s'accorder un peu plus, sa mère l'appelait le soir même pour lui faire un sermon. Alors Susan avait appris à faire attention. Pour l'heure, elle accompagnait des amies au réfectoire. Aujourd'hui, elle avait droit à une pomme. Assise à une table, elle écoutait distraitement les autres parler, lorgnant le tas d'immondices dans leurs assiettes. C'était quoi ça ? Des pâtes ? On aurait dit un tas de vers de terre avec un truc liquide bizarre sur le dessus. La blonde grimaça avant de voir voler une tarte au citron qui alla s'écraser lamentablement. Wait. What ? Surprise, la ballerine se tourna pour voir un Rusard fuyant le réfectoire, ses cheveux arborant une nouvelle couleur. La jeune fille soupira. Depuis qu'il était en dépression, Poudlard était devenu un veritable champ de bataille. Mais pas le genre sanglant, non, le genre où toutes les conneries sont permises et où tous les coups bas sont les bienvenus. Lorsque les portes battantes du réfectoire se refermèrent sur leur concierge bien aimé (ou pas), ce fut l'hécatombe. Des plats commencèrent à voler un peu partout dans la pièce. Les yeux écarquillés, Susan se baissa, sentant qu'à un moment donné elle allait se recevoir un plat dans la figure. Elle vit Megan rouge de colère et grimaça en constatant que la robe de sa meilleure amie était déjà tâchée. Au loin, elle entendit la voix d'Anthony s'élever et se mit en rire en constatant qu'il avait retiré sa chemise. Sploush. Ses amies juste en face d'elle avaient la bouche ouverte. Plus aucun doute, elle avait été touchée. « Ok, alors là, c'est la guerre. » Elle attrapa une assiette pleine de sauce avant de choisir sa victime. Elle ne savait pas qui lui avait tiré dessus et peu lui importait au final. La food war était déclarée. Cherchant sa cible, elle vit Malefoy au loin. Oh la parfaite occasion ! Ni une, ni deux, elle se redressa et balança son assiette pleine de sauce en direction du Serpentard.