Je ne suis personne. Personne ne me remarque : on passe à côté de moi en me bousculant la plus part du temps car je suis invisible. Ca ne me dérange pas, pour tout vous avouer. Je préfère même qu'on m'évite. Pourquoi ? Parce que je suis bien, seule dans mon coin. Personne pour se moquer, personne pour m'embêter. Le rêve. Vous devez vous dire que cette fille, ça doit être une plaie pour que personne ne veuille d'elle. Absolument pas. J'ai juste peur des autres et je suis une incorrigible timide. Je suis même plutôt gentille et je ne dirai jamais non si quelqu'un me demande de l'aide. Je ne sais même pas dire non. Naïve et bonne poire, ça, j'en suis tout à fait consciente. Sauf que je n'y peux rien. Est-ce un problème ? Peut-être. On ordonne, j'obéis, il n'y a pas plus compliqué. Et en plus, je peux faire ça avec le sourire. Et oui, il m'arrive de sourire, quand le soleil est au rendez-vous. Car vois-tu, je suis hypersensible. Je suis maussade quand le ciel est gris, je suis gaie quand il est bleu. Un rien me fait pleurer et une remarque plutôt piquante déclenchera à coup sûr une réaction lacrymale. Pourtant, je m'efforce de ne pas pleurer, je lutte mais rien à faire.
Je suis tellement hypersensible que j'en deviens empathe. Oh! Ce n'est pas comme dans les films ou dans les livres, je vous rassure, où on ressent exactement, au même degré, les sentiments de ceux qui approchent. Juste que je suis légèrement plus sensible que la normale. Je ressens de beaucoup les ressentis des autres, je m'en imprègne et c'est ce qui me pourrit l'existence. Je pourrai aider les gens qui sont tristes par exemple... Mais je suis timide et introvertie. Alors je garde tout pour moi. Je me sens souvent mal à l'aise, à l'étroit dans mon corps car je n'extériorise jamais mes sentiments. Ainsi donc, il est fréquent que j'ai des terreurs nocturnes qui me réveillent en sursaut la nuit. Si ça arrive le jour, je dois me réfugier dans un endroit calme pour tenter de me calmer. Je me renferme comme une huître. Dans des cas extrêmes, je n'arrive même plus à réagir. Je suis comme pétrifiée. J'ai fait des recherches sur cette hypersensibilité que je pense avoir. Ca s'appelle la legilimancie. Les legilimens arrivent à se persuader qu'ils savent ressentir les émotions. Pourtant, je suis sûre que je n'invente pas. Les rares conversations que j'ai pu avoir avec des personnes me confirment que j'avais eu juste. Alors pourquoi ces terreurs nocturnes ? Pourquoi je deviens une automate quand la personne en face de moi m'écrase avec sadisme ? Ou alors, serait-ce la capacité à pouvoir se mettre à la place de l'autre ? Je ne sais pas. Tout ce que je constate, c'est que je n'arrive pas à trouver un moyen pour ne plus être une legilimens.

Ou disons que si... Le dessin. Je me suis prise de passion pour cet art. Il me permet d'extérioriser mon mal être. Par ce biais, j'arrive à atténuer mes crises d'angoisse durant le jour. Je trouve que je me débrouille plutôt pas mal pour voir que je suis autodidacte. J'aimerais bien réussir dans cette voix-là, un jour, peut-être. Ca m'a permis en tout cas de décrocher une bourse. Et mes notes aussi. Je ne dis pas que je suis une intello de service. Mais je suis loin d'être idiote. Après tout, je n'ai que ça à faire. Pas de petit ami, pas de copains avec qui passer mon temps libre. Alors j'étudie. Ou je lis aussi. Je suis une incontestable passionnée par les histoires à l'eau de rose. Parce qu'au fond de moi, j'aimerai être quelqu'un aux yeux d'un garçon. J'aimerai être sa fille spéciale, celle qui ne quitte jamais ses pensées. Rêveuse et innocente, voilà qui je suis.

Niveau vestimentaire, je porte tous le temps des jeans passe partout et des t-shirt à manches longues. Même l'été. J'ai tendance à marquer très vite quand je me cogne et la plus part du temps, j'ai les bras et les jambes bleues, maladroite que je suis en plus ! Niveau maquillage : naturel, pas d'artifice. Je suis une fille simple dans ses goûts.

☆ histoire : Cher journal,
Aujourd'hui, tout est normal à l'orphelinat. Je suis seule dans mon coin et personne ne vient m'embêter. C'est le jour des visites, celle que les autres enfants attendent. Le jour où l'espoir de partir de cet endroit et d'avoir une famille est possible. En général, je n'intéresse personne. Mais quand une famille tente de me parler, je n'arrive qu'à bafouiller des bribes de mots et ils passent leur chemin. Je m'en fiche. Ca fait 10 ans que c'est comme ça. Car je viens de fêter mes 11 ans. Si tu as bien calculé, cher journal, je suis arrivée ici à l'âge de 1 an. La directrice m'a un jour raconté qui étaient mes parents. Mon père ne m'a jamais reconnue : il est parti quand il a su que ma mère attendait un enfant. Quant à ma mère... Une overdose a terminé sa vie prématurément. Tu dois te dire : "oh la pauvre bichette !" A quoi bon ? Je n'en ai aucun souvenir... Pour moi, ils n'existent pas.

Cher journal,
J'ai mal dormi. Il y avait eu beaucoup de pleurs la veille car seulement un enfant avait trouvé une famille. Les plus jeune savent qu'il est difficile d'être placé quand on dépasse de trop les 3 ans. Moi... Je sais que je resterai ici jusqu'à ma majorité, je ne me fais pas d'illusion. Après tout, je ne suis pas trop mal à l'orphelinat, on est rarement méchant avec moi. Alors que je pourrai tomber sur des personnes malveillantes. Et il faudrait aller à l'école, là où les autres aiment à se moquer des plus faibles ou des plus bizarres, ceux qui ne rentrent pas dans la norme.

Cher journal,
Je m'améliore en dessin. J'ai commencé il y a peu. Je trouve que ça m'apaise. Quand je dessine, j'oublie tout ce qui m'entoure, tous les soucis et je me plonge dans mon monde, où il y fait bon vivre. Je crois que j'aime vraiment cet art. Avec la lecture, je pourrais y consacrer des journées et des nuits entières. Je pense que j'ai trouvé à quoi je suis douée et c'est pourquoi je vais continuer de m'entraîner.

Cher journal,
Ca... Ca y est... Je n'arrive même pas à être heureuse. Les autres enfants disent que c'est un miracle. Moi, je penche plutôt pour le cauchemar. On vient de m'adopter... Moi, Joyce, à presque 15 ans. C'est vrai que c'est un miracle. Je ne comprends pas. Je suis bien dans mon coin, à faire mon petit bonhomme de chemin à l'orphelinat. Ma "mère" semble gentille. Elle affiche un grand sourire et parle d'une voix mielleuse... Je ne sais pas pourquoi, je sens qu'il y a anguille sous roche. Ses gestes sont trop calculés, elle emploie beaucoup de compliments et de jolis mots. Elle explique que je suis la fille qu'elle aurait aimée avoir. Je boucle ma valise, fébrile. Je n'ai rien connu d'autre que cet endroit, d'aussi loin que remontent mes souvenirs. Désormais, c'est l'inconnu qui s'ouvre devant moi. Doucement, je m'avance vers la femme qui a décidé de me prendre avec elle. Elle ouvre ses bras... Veut-elle vraiment me prendre dans les bras ? Gênée, je m'exécute.
- Ne soit pas timide ! Me dit-elle. Tu vas voir, tu vas t'habituer !
Toujours aussi silencieuse, je monte dans sa voiture et nous sortons d'Edinburgh pour prendre la route de Livingston. Une fois arrivées, elle me montre ma chambre... Euh... Ce n'est pas plutôt un placard ? Il y a un lit, un bureau et une petite commode, plus l'espace d'une demi personne pour circuler. C'est maintenant que je comprends. Ses manières et ses mots étaient totalement faux. C'était juste pour amadouer les services sociaux. Je suis sûre qu'elle avait aménagé une autre chambre durant les visites de contrôle. Un simple maquillage et un bon jeu théâtrale. Elle me prévient qu'elle m'attend dans le salon. Je pose mes maigres affaires et je me retiens de pleurer. Ce n'est pas le moment.

Cher journal,
Cela fait quelques semaines que j'ai intégré cette famille. Et j'ai bien compris ma place. Ma "mère" voulait une boniche. Ne pouvant plus faire d'enfant, elle a décidé d'adopter une fille, assez grande pour se débrouiller toute seule et ne pas gémir. Une bonne poire, ce que je suis. Je fais le ménage et quelque fois la cuisine. J'ai très peu de temps libre pour moi car il faut en plus rajouter les cours. J'ai un "grand frère", d'un an mon aîné. C'est le garçon populaire de l'école. Grand, musclé, rugbyman, brun aux yeux verts... Aussi mauvais que sa mère. Ils sont hypocrites au possible et sont d'excellents acteurs dans le paraître. Sauf que j'ai vite compris de quel acabit ils étaient. Dan me fait peur. Au début, je croyais que c'était le fruit de mon imagination et que c'était des accidents. Ce n'était rien de tout ça. Ca a commencé par des regards insistants, des sourires équivoques, des mots lancés innocemment. Puis il a continué avec des messes basses soufflées à mon oreille quand on n'est pas touts seuls, des gestes de plus en plus déplacés. Les terreurs nocturnes ont commencé. Cette maison dégage des ondes négatives et j'en suis très affectée. Il me tarde d'avoir ma majorité pour fuir cet endroit.

Cher journal,
Les tourments continuent de se multiplier. Ce n'est jamais grave ou trop voyant. Mais ils me rappellent combien je suis faible face aux autres, que je suis incapable de me défendre ou d'aller me plaindre. Je subis. Je n'ai aucun ami et je me sens telle une étrangère. Il n'y a qu'un seul endroit où je me sens bien : la salle d'art. Et puis Mrs Vance est la seule qui fait attention à moi. Elle me répète souvent que j'ai du talent et qu'il faut que je continue le dessin coûte que coûte. J'essaie de passer le plus de temps avec elle. Elle a vite compris que je suis mal dans ma peau et ne me pose jamais de questions. Elle m'ouvre sa porte avec le sourire, tout simplement. Elle sait qu'il y a des choses pas nettes mais que peut-elle faire ? Rien du tout. Au moins, sa présence me prouve que le monde n'est pas si pourri qu'il en a l'air.

Cher journal,
Dan est de plus en plus entreprenant. Il a découvert qu'il lui suffisait de m'ordonner de ne plus bouger pour que je m'exécute. Je suis trop peureuse pour lui tenir tête. Alors je le laisse toucher mes cheveux, je ne bouge pas quand ses lèvres se posent sur mon cou, je n'ose rien lui dire quand ses mains caressent mes cuisses.
- Douce Joyce... Susurre-t-il. Chuuut... Ne bouge pas... Tu es belle... Tu ressembles à un ange...
Mais il ne dépasse pas La limite. Je redoute le moment de rentrer à la maison.

Cher journal,
Je... Je n'ai pas arrêté de pleurer. C'est affreux. Hier, c'était l'anniversaire de Dan. Il avait organisé une soirée à la maison pour fêter l'évènement. J'ai été réquisitionnée pour assurer le service. Toute la journée, j'avais préparer nourriture et boisson. Sa mère laissait la maison pour le week-end. Une fois la fête bien entamée, j'ai pu me mettre dans un coin, un livre à la main. Soudain, une main entre dans mon champ de vision et m'enlève le bouquin des mains. Le sourire mauvais, il me prend les bras doucement et m'entraîne vers l'étage supérieur. Mon coeur bat la chamade, je suis terrifiée. On est seul dans sa chambre. Il me déshabille, je suis tétanisée. Telle une poupée, il me contrôle. Puis il me pare de lingerie fine, digne de ce qu'on pourrait trouver dans un sexshop. Je me sens humiliée. Mais ce n'est qu'un jeu pour lui. Il m'allonge sur le lit, les larmes ruisselant sur mes joues. Il ne fit rien d'autres que des caresses et des baisers. Il s'amuse à m'effrayer, à pousser le vice encore plus loin sans jamais passer la frontière. C'est bien trop tôt qu'il me répète.

Cher journal,
Grâce à Mrs Vance, j'ai pu obtenir une bourse. Elle en a tellement fait pour moi. Je ne sais pas comment la remercier.
- Réussir dans l'art pictural serait la plus belle des récompenses que tu pourras me faire, me dit-elle.
Alors, elle me conseille d'entrer à Poudlard, la meilleure école du pays. Je vais pouvoir tirer un trait sur le passé, refaire une nouvelle vie... Du moins, en théorie...

☆ admission : C'est grâce à mon ancienne professeur d'art. C'était bien la seule personne qui faisait attention à moi. Elle a tout fait pour que je décroche cette bourse et quitter cet endroit malsain. Comme je suis plutôt bonne élève, j'ai réussi à obtenir la-dite bourse. Elle m'a conseillée de venir à Poudlard pour développer ma passion du dessin. Sauf que je ne fais rien pour me démarquer et donc, je fais partie de la L team, à défaut d'être à Poufsouffle. Mais ça me va bien, je ne me plains absolument pas.