PERFECTION :
n.f (latin perfectio, -onis)
1. État de quelqu'un, de quelque chose qui est parfait en son genre.
2. Qualité de l'esprit ou du corps portée au plus haut degré.
3. Personne ou chose parfaite.
La perfection, c’est ce que cherche à atteindre Sue. Elle veut être parfaite en tout point. Elle veut rendre sa mère fière d’elle, fière de ce qu’elle peut accomplir en danse. Elle veut tout. Et autant en danse que pendant les cours, la jeune fille veut être la meilleure. De toute façon, elle n’a pas trop le choix puisque c’est un peu difficile de s’élever contre les désirs d’une mère anciennement étoile et accessoirement devenue son agent artistique. Elle est très exigeante, très autoritaire et cherche particulièrement à faire de sa fille un bijou de perfection. Alors autant vous dire que la jeune fille a tendance à en faire trop et aller trop loin quand il est question de rendre fière sa mère.

PRIVATION :
n.f [pʀivasjɔ̃]
1. fait d'être privé de qqch.
2. manque des choses nécessaires.
Alors du coup, cette perfection qu’elle veut atteindre entraîne un bon nombre de privation. Susan fait extrêmement attention à son poids, elle mange très peu voire quasiment pas pour espérer pouvoir rentrer dans ses costumes sans en craquer les coutures. Elle regarde les calories de chaque aliment pour voir ce qu’elle peut manger ou non ainsi elle ne connaît pas les délices d’un bon hamburger avec des frites, d’une bonne boisson d’un Starbuck et si par malheur, elle se permettait un écart dans sa privation de bonnes choses, sa mère rappliquait aussitôt pour lui faire la morale. Susan ne vit pas vraiment avec tout ce qu’elle s’interdit, elle ressemble plus à une machine qu’on programme à loisir. Que sa mère programme à loisir pour qu’elle soit la meilleure partout, dans tout et surtout en danse.

VIDE :
Adj. [vid]
1. Qui ne contient rien.
Vide. Susan a toujours appris à se surpasser et à calquer ce qu’on lui apprenait en danse, dans la vie. Elle n’a jamais ressenti un seul sentiment : la joie, elle a du mal ; la colère, elle ne maitrise pas ; l’amour, le sexe, elle ne comprend pas (d’où le fait qu’elle voit la débauche de ses camarades d’un œil froid, elle ne comprend absolument pas cet engouement). Elle est froide. Oui, voilà. Ce vide fait penser qu’elle est totalement froide vis-à-vis des autres. Elle paraît insensible et presque inabordable alors qu’elle n’a pas vraiment de mal à aller vers les autres pour les aider. C’est un peu une ambivalence avec l’impression d’être face à une machine quand on essaie de lui parler.

AMICALE :
Adj.
1. Qui traduit de l'amitié, en est inspiré.
C’est comme ça que la perçoive ses amis. Elle n’inspire pas la joie et semble totalement désintéressée des autres quand on la regarde, mais au fond elle est loyale envers les gens qui la connaissent vraiment et n’hésite pas à lever la voix quand il est question de défendre quelqu’un. Susan ne se laisse pas marcher sur les pieds.

ET SINON ?
Susan, c’est la fille qui aime la danse un peu par obligation, pas par choix. Tu seras danseuse, ma fille. Avait clamé sa mère un jour. C’était elle qui l’avait poussé dans son premier cours de danse à cinq ans. Elle qui lui avait dit qu’elle irait à Poudlard parce que c’était le meilleur endroit pour être sûr de sortir connu. Sue n’a jamais vraiment eu le choix dans sa vie. Elle obéit simplement.

Susan, c’est la fille qui rêve d’autres choses que ses chaussons quand elle dort. Elle se voit manipuler l’appareil photo ou dessiner contre un arbre. Elle aurait voulu tester toutes ces choses, mais elle n’ose pas de peur que sa mère ne l’apprenne et ne lui interdise encore ce plaisir. Alors ça reste un rêve. Juste un rêve.

Susan, c’est la fille qui souhaite comprendre le sens des sentiments. C’est la fille qui voudrait en ressentir un jour pour avoir ce quelque chose qu’Astoria a et qui lui fait affreusement défaut.

Susan, c’est la fille qui aimerait pouvoir manger tout et n’importe quoi sans avoir peur de prendre un gramme ou sans devoir se faire vomir immédiatement après. C’est la fille qui aimerait tomber amoureuse et connaître sa première peine de cœur. C’est la fille qui aimerait comprendre comment on fait pour se lever le lendemain d’une fête avec une gueule de bois et avoir des fous rires en y repensant. Susan, elle aimerait devenir humaine et arrêter d’être une simple machine, mais ça, elle ne le montre pas. Il faut qu’elle reste irréprochable, parfaite.

Susan, sinon, c’est la fille qui aime les bons livres, les bons films, les belles fringues, mais c’est surtout une fille qui n’a jamais vécu sa vie à fond pour le moment.

☆ histoire : « Plié ! »
Lorsqu’on fait une rétrospective de la vie de Susan Anasthasia Bones, on s’aperçoit rapidement que tout tourne autour de sa mère. Après la personne qui porte la culotte dans la famille n’est autre qu’elle-même, cette brillante danseuse étoile. Maria Ivanoska avait tout pour elle : la technique, la passion, la beauté. Elle était habitée par la danse lorsqu’elle enfilait ses chaussons et rien d’autre n’avait d’importance.
Des années après, elle rencontra un anglais, se maria et tomba enceinte. Il voulait un garçon pour lui apprendre le basket ou faire de lui un athlète, elle voulait une fille pour lui transmettre sa passion et faire d’elle une parfaite danseuse. En mai 1995 naquit Susan. Elle l’avait sa danseuse, celle qui prendrait la relève, elle lui apprendrait les meilleures techniques et surtout à ne pas s’attarder sur les détails futiles.

« Demi-plié ! »
À cinq ans, Maria inscrivit Susan à son premier cours de danse classique. Il fallait commencer tôt pour pouvoir entretenir sa souplesse. Elle y allait le lundi soir, le mercredi soir et le vendredi soir. Les jours où elle n’avait pas danse, on pourrait presque penser qu’elle pouvait se comporter comme une petite fille normale, mais du tout. Sa mère l’entraînait elle-même chez eux. Cela avait tendance à scandaliser monsieur Bones qui voyait là le meilleur moyen de flinguer le développement de Susan. Maria était confiante, exigeante et tyrannique. Elle voulait qu’elle soit parfaite. Sa perfection. Alors elle commença à lui mettre une pression monstrueuse sur ses frêles épaules. Elle ne devait pas manger n’importe quoi, elle ne devait pas regarder la télé, elle ne devait pas jouer avec les autres enfants. Elle n’avait pas le temps, il fallait qu’elle danse. N’importe quel enfant se serrait rebellé à un moment donné, il aurait protesté. Pas Susan. Elle était docile, la petite. Elle obéissait aux ordres de sa mère. Elle voulait qu’elle soit fière d’elle. Lorsqu’elle aurait atteint le niveau de sa mère, elle pourrait se reposer et profiter de sa vie. Pas avant.

« Grand-plié ! »
« Tu sais parfaitement que Poudlard serait parfait pour elle ! » La colère l’avait emporté sur tout le reste et son accent russe ressortait dans sa voix. Susan avait bien grandi. Elle était devenue très douée en danse, on la remarquait déjà. Maria aurait voulu la faire rentrer immédiatement dans un ballet, mais pour une fois monsieur Bones s’opposa à l’avis de sa femme. Susan devait poursuivre ses études parce que la danse ne faisait pas tout selon lui. Il la voyait bien à Oxford, en science. Vous l’aurez deviné, à l’issu de cette opposition, Maria la voyait à Poudlard étudier les arts et devenir une danseuse étoile après sa sortie de l’école. Le cursus scolaire était parfait pour son apprentissage. De plus elle connaissait madame Maxime qui s’occupe des cours de danse. Il n’y aurait aucun mal pour son apprentissage. Susan n’avait pas son mot à dire. Elle n’a jamais eu son mot à dire pour son avenir.

Au final, sa mère l’emporta sur son père. Encore une fois. Et pour une fois, Susan aurait bien voulu que son père soit un peu plus impliqué dans son bien-être au lieu d’éviter le conflit avec Maria comme à chaque fois. Pas qu’elle rechigne Poudlard, non, juste qu’elle aurait voulu éviter d’entrer dans une école en sachant qu’il y aurait des personnes que sa mère connaissait. Oxford aurait été parfait, elle aurait eu la paix.

« Et seconde ! »
« Suis-je un monstre, madame Maxime ? » Demanda Susan alors qu’elle buvait un peu d’eau pour se remettre d’un malaise qu’elle venait tout juste de faire. Sa professeur de danse la regarda un instant avant de s’assoir à ses côtés et poser une main compatissante sur son épaule. « Non, Susan. Ne t’inquiète pas. » Ne pas s’inquiéter. C’était ce qu’elle lui rappelait à chaque fois que Sue lui posait des questions. Pour elle, c’était un monstre. Une machine comme les autres aimaient l’appeler derrière son dos. Ah, Susan ! Elle épatait par sa technique. Mais seulement par sa technique. Allez lui demander de mettre plus d’émotions dans sa danse et vous verrez le résultat. Susan se voyait comme un monstre. Et cela la rongeait. Tout comme la pression constante que lui mettait sa mère. Cette pression qui la faisait lever avec une boule dans le ventre chaque matin. Cette pression qui l’obligeait à surveiller ce qu’elle mangeait sans cesse. Cette putain de pression qui l’empêchait tout bonnement de vivre.

Plusieurs fois, elle avait tenté de dire à sa mère qu’elle voudrait respirer au moins une journée. Seulement, Maria lui faisait peur. Horriblement peur.

☆ admission : Poudlard. Ce nom avait donné des idées à la mère de Susan. Sa fille était douée, mais elle devait encore se surpasser, monter toujours plus haut. Alors Poudlard était la solution idéale pour que son chef d’œuvre devienne encore plus parfait. De plus, ils pouvaient se permettre de mettre leur fille là-bas, l’argent n’était pas ce qui manquait pour la famille Bones. En un rien de temps, Susan y fut inscrite et bien vite la rigueur que lui avait apprise sa mère la guida. Elle obtint de très bonnes notes dans les matières qui lui ouvrirent les portes de la maison Poufsouffle. Pas qu’elle soit mauvaise dans les autres matières, juste qu’elle savait que sa mère préfèrerait la voir dans cette maison plutôt qu’une autre. De ce fait, les examens de 10th grade montrèrent que Susan avait un profil artistique. Son option arts & spectacle fut validée de même que sa spécialité.