- What The Water Gave Me -

Je me revois encore en train de marcher au bord de la plage, durant un de ces étés passés seule, quand j'ai commencé à éviter mes parents. Je me souviens en particulier de ce jour, où, alors que je découvrais encore la vie, j'ai rencontré ce garçon. Tout le monde ne se souvient pas de sa première fois, mais moi si. Je me rappelle de chaque détail, de son sourire à ses vêtements, de la douceur de ses mains, de tout. Je me souviens encore de notre premier baiser, mon premier vrai baiser. Je sens encore sa main au creux de ma hanche, je revois son visage s'approcher doucement du mien et ses lèvres s'emparer des miennes ...
Je me relève dans mon lit, le corps trempé de sueur. Je rejette les draps et remonte mes jambes contre moi, pose le menton sur mes genoux. Ce n'est pas la première fois que je rêve de cet instant précis de ma vie. A vrai dire, il y matière à rêver là-dessus. Mais tout de même, à chaque fois que cela m'arrive, j'en ressors ébranlée. Ce qui est arrivé après cette nuit est la preuve même que je ne dois faire confiance à personne. Je chasse ces pensées de ma tête et me rallonge. Les minutes passent et il m'est impossible de retrouver le sommeil. J'écoute de la musique, je lis, je fume, rien n'y fait, il semblerait bien que l'insomnie s'est emparée de moi. Je m'assieds à mon bureau, ouvre des cahiers, les referme aussitôt et fini par tout envoyer voler dans la pièce. C'est insupportable ! Je tourne en rond dans la pièce pendant un bon moment avant de prendre une décision. J'enfile un sweat, un short en jean et des baskets avant de prendre mon téléphone, de quoi fumer, et de sortir. Je ne sais même pas ce que je vais faire dehors, alors je traîne un peu partout, silencieuse. Je finis par grimper au dernier étage, puis sur le toit du pavillon central. Le froid mord la peau nue de mes jambes, mais je ne m'en soucie pas, j'aime beaucoup trop les nuits étoilées pour m'en passer. Je m'assieds par terre, allume une cigarette et me perds dans la contemplation du ciel nocturne. Je sens la tristesse s'emparer de moi. Je suis seule face à ce spectacle et je n'ai personne avec qui le partager. Cela fait longtemps que je n'ai rien partagé avec quelqu'un d'autre, en réalité, et cela commence sérieusement à me manquer. A vrai dire, avoir l'air froide et distante la plupart du temps n'aide pas à avoir de petit-copain ... ou de petite-copine. Bah tiens ! Te voilà prise à ton propre jeu à présent, Lula ! Tu vois à quoi ça mène de vouloir se protéger de tout ? Bien sûr que je sais que ça ne me mènera à rien de m'interdire tout ... amour ! Mais pour l'avoir expérimenté par le passé, j'en ai conclu qu'il faisait plus de mal que de bien. Trop perdue dans mes pensées, je n'entends pas les pas derrière moi, du moins jusqu'à ce que je sente une main sur mon épaule. Frisson. Sursaut.