« Allez Erz’ ! T’vas pas rester toute ta soirée devant cet écran ? » Le concerné ne détourna pas la tête pour les regarder, eux, ses soi-disant amis. Erza avait toujours été un garçon solitaire, isolé de tous. Tout naturellement et avec une aisance presque troublante, il avait fui le contact avec autrui, pour se protéger de ces gens qui, un jour, à ses yeux, auraient fini par le trahir. C’était un peu sa carapace, sa façon à lui de se défendre. Il valait toujours mieux être seul que mal accompagné et il le comprit bien assez tôt. « Allez bordel ! Y’aura des filles ! Des bonnes ! » Des filles ? Il s’en foutait. Erza n’avait jamais eu de compassion pour quiconque, ça n’aurait pas été aujourd’hui que cela allait commencer. Il ne servait que ses propres intérêts, égoïstement. Car on était toujours mieux servi que par soi-même. « Non. J’ai un programme à faire pour Slugh’ et cela me semble bien plus intéressant que vos petites sauteries useless et sans importance. Je suis ambitieux moi messieurs. » Ce ton désinvolte et cassant, tout aussi assuré lui valait une réputation plus ou moins glacial. Beaucoup avait essayé de l’atteindre, de le toucher là où ça faisait mal, mais Erza… Erza était bien trop cachotier pour que l’on puisse réellement savoir qui se cachait sous ce masque. Ce masque de fer et incassable qu’il portait, sans cesse. Et lorsque vous le croyez sincère, détrompez-vous du loup qui dort. Il ne vous fera des courbettes que pour mieux vous détruire. « Mec, t’es un gros rabat-joie. On essaiera de te ramener une bière et une jolie fille. » Erza secoua sa tête devant tant d’envie de luxure et de débauche. Il se refusait les plaisirs de la vie car il n’y éprouvait aucun intérêt. Les bonheurs éphémères, les instants vivaces et si peu nombreux. Non, il n’était pas fait pour ça. Erza, inconsciemment, était un visionnaire. Il se projetait dans l’avenir, dans cette esquisse de vie qui serait la sienne, en haut d’une tour de verre, lui laissant une vue imprenable sur le reste du monde. Il voulait être quelqu’un, reconnu pour ses talents, ses si petits talents qui l’avaient sauvé de la misère.

La porte se referma dans un bruit sourd, plongeant la pièce dans un silence de plomb, dans le noir. Seul sa respiration saccadée et frénétique, devant cet écran aux milliards de pixels se faisaient entendre. Ce calme, salvateur et apaisant, c’était tout ce qu’il recherchait. Ses moments paisibles où il était seul maître d’un monde qu’il pouvait contrôler à sa guise, avec ses doigts fins et rugueux d’enfants grandit trop tôt. Ses gestes, mal accordés mais pourtant si gracieux ne pouvaient s’empêcher de reproduire machinalement les mêmes mouvements. Son quotidien, parfois trop terne, trop répétitif, mais pourtant si tranquille. Il sut faire fi des clichés pour se forger un futur que lui-même n’aurait jamais imaginé. Et pourtant. Le petit con de Glasgow avait fini par être l’un des chouchous des profs les plus réputés de Poudlard. Alea Jacta Est.

☆ admission : C’est totalement par hasard qu’Erza est arrivé à Poudlard. Lui, déjà si jeune, qui aimait déjà les jeux et autres, bidouillait des programmes de grands pour certains sites internet. On ne sait comment, le professeur Slughorn en a eu vent et a décidé de le tracer. Une fois trouvé, il lui posa – intrigué – certaines questions sur la limite de ses capacités, tout en lui disant que, seul les grands savaient faire ce genre de choses. Le dit professeur en toucha un mot au directeur de Poudlard – Dumbledore – pour l’intégrer au fameux collège/lycée. C’est ainsi qu’il devint boursier. Il devait cependant prendre un sport à côté. Erza, pas sportif de nature, a pourtant choisi la natation. Parce que l’eau lui rappelait sa mère. Et surtout le calme. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses.